Mieux qu’un Bucket challenge au Conseil Communal ?

Publié le 4 mars 2015
Rédigé par 
Thierry Martin

(Double fracture citoyenne à Mons).

TTIP et Plan de gestion sur cinq ans étaient à l’ordre du jour du conseil communal.

C’était l’affluence des grands jours au conseil hier, le public étant divisé en deux groupes : l’un venu défendre la motion d’Ecolo (à l’initiative de la CSC qui était venu interpeller le conseil) pour déclarer la ville de Mons hors TTIP comme Tournai et Liège l’ont déjà fait, l’autre venu manifester leur désapprobation sur le plan de gestion de la Ville déjà approuvé par le collège communal et qui devait l’être par le conseil hier soir.

Ce serait trop compliqué de faire un résumé de ces points, je vous invite à visiter le site de la RTBF :

pour le TTIP :
http://www.rtbf.be/info/regions/detail_la-csc-veut-que-la-ville-de-mons-se-dise-hors-partenariat-transatlantique?id=8921171
Pour le plan de gestion :
http://www.rtbf.be/info/regions/detail_les-finances-de-la-ville-de-mons-sont-dans-le-rouge?id=8910560

Un rapide tour (non classé) des pancartes du public :

« Stop TTIP »
« Touche pas à mon bus gratuit »
« A qui profite Mons 2015 si on augmente les taxes ? »
« Envie de confier la démocratie aux multinationales ? »
« Casse-toi pov’TTIP »
« L’Europe à la botte des lobbies »
Inutile de dire que l’ambiance fut très tendue, tant entre le public et les élus, qu’entre opposition (Ecolo, PTB, CDH, Citoyen) et majorité (PS-MR).
Mais elle le fut aussi au sein même de la majorité.

TTIP ou le naufrage d’un symbole.

Il est intéressant d’analyser la manœuvre politique pour apaiser les tensions…

La motion pour déclarer Mons Hors TTIP a été défendue par Ecolo et le PTB.
Chaque groupe présentant ensuite ses arguments, en faveur ou contre la motion.
On notera une intervention plutôt musclée du MR, déclarant que l’international ne devait pas s’inviter au conseil communal (comme apparemment, il y avait un accord tacite dans la majorité).
Une intervention qui provoqua la colère du public présent, deux policiers en civil devant intervenir pour faire sortir du public un intervenant qui prenait la parole pour dénoncer les propos et déclarer notamment qu’ils sont tous « libéraux » (sic) (la loi communale est stricte avec l’interdiction de prise de parole spontanée du public).
L’intervention du MR était en décalage complet avec ce que venait de démontrer les intervenants de la CSC et d’Ecolo, à savoir une répercussion par l’adoption d’un tel traité qui vise libéraliser les échanges commerciaux dans des domaines comme l’agriculture, la santé et l’enseignement. Il y aura donc bien des répercussions sur la vie locale, et l’adoption de cette motion symbolique au départ des citoyens avait du sens.

Le MR intervient aussi pour dire qu’il ne voit pourquoi on s’opposerait à un traité dont on ne connaît pas le contenu.

Soudain, le bourgmestre propose de… remplacer le texte de la motion d’Ecolo par un texte qui propose d’inviter à Mons deux des négociateurs pour la Belgique pour analyser avec eux les projets de traités.

C’est évidemment une manœuvre politique pour éviter le vote sur la motion originale qui soulève la colère à nouveau le public, d’Ecolo et du PTB.
Et qui a manifestement surpris le MR dont le chef de groupe se déplace vers le bourgmestre pour demander des explications sur le nouveau texte proposé.
Une friction évidente entre les partenaires de la majorité PS-MR… le MR finissant, du bout ses lèvres, par suivre son bourgmestre…

Ils finiront par décider ce qui était à mon avis inévitable et devant l’indignation : voter séparément la motion d’Ecolo et l’amendement qui propose de… la remplacer totalement.
J’ai eu un frisson, j’avoue, que le vote ne se fasse pas sur la motion originale car c’était un vrai déni de démocratie.

La motion d’Ecolo sera rejetée majorité contre opposition, la ville de Mons ne sera pas déclarée hors TTIP, comme pourtant les communes de Liège et de Tournai l’ont fait.
L’amendement par contre sera adopté… avec la promesse que le public sera invité lors de la venue des deux invités.

La moitié du public se retire en colère… Première fracture.

Personnellement, je ne comprends pas la position du MR qui semble soudain bien loin des préoccupations des PME à qui, pourtant, ne profitera pas le TTIP, je dirais même en souffrira, étant en concurrence directe avec les multinationales américaines proposant des produits fabriqués à bas coût notamment par de la main d’œuvre mexicaine à 4€ de l’heure…
C’est tout le modèle social européen qui sera visé, sacrifié sur l’hôtel d’une concurrence déloyale, une fois de plus.

Le plan de gestion sur 5 ans.

Je vous passe les détails de la présentation faite par le bourgmestre, qui s’attachera à présenter ce plan comme un plan d’économie en non un plan d’austérité.

Il faut retenir :

  • La diminution du personnel communal, du CPAS et de la police (sans licenciements, par l’habituelle et, inquiétante pour l’emploi, politique de non remplacement)
  • L’instauration d’une taxe de séjour pour les touristes
  • Une augmentation du précompte immobilier
  • Une taxe sur les parkings extérieurs
  • La diminution du budget des bus gratuits intramuros
  • Une augmentation de 15 à 25 € de la taxe de parking.

Pour ne pas alourdir mon propos, je vous propose de découvrir les alternatives d’Ecolo Mons sur son site flambant neuf :
http://ecolomons.be/2015/03/03/plan-de-gestion-une-alternative-est-possible/
A noter, que certaines ont été jugées « intéressantes » par le bourgmestre, sauf qu’elles seront peut-être un jour adoptées mais évidemment pas en remplacement des mesures décidées…

Un plan de gestion longuement défendu par le chef de groupe du MR…

Qui sera finalement adopté par la majorité seule. L’opposition votant contre à l’unanimité, provoquant une pointe d’amertume d’Elio qui rêvait de rassembler une « majorité la plus large possible » sur le plan de gestion.

Le public restant est cette fois complètement refroidit, mieux qu’un bucket challenge collectif, reléguant les points restant de l’ordre du jour au rang d’anecdotes.

Deuxième fracture.

C’est bien d’un plan d’austérité dont il faut parler, et même un additif aux plans récents de la région wallonne et du fédéral.

Comme le précisera un élu PTB, « J’ai toujours connu l’austérité, cela fait 40 ans que c’est ainsi, le citoyen se serrant toujours plus la ceinture».
Qui oserait le traiter de populiste ?

Thierry.